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 [Concours] Eusèbe / Enfance d'un lagomorphe

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Eusebe

Eusebe


Messages : 71
Date d'inscription : 12/10/2009

[Concours] Eusèbe / Enfance d'un lagomorphe Empty
MessageSujet: [Concours] Eusèbe / Enfance d'un lagomorphe   [Concours] Eusèbe / Enfance d'un lagomorphe Icon_minitimeSam 7 Nov - 19:24

J'aurais aimé vous conter une histoire aussi extraordinaire que les vôtres, mais ce n'est pas le cas... à un tout petit détail près qui a bouleversé mon existence. Ma vie a commencé il y a bien longtemps, dans un petit village perdu au nord de cette vallée que l'on surnomme les Terres Immortelles. C'est un simple village de paysans, un des nombreux qui alimentent le marché de la ville des Arènes...

Mes parents étaient de simples saisonniers, vendant leurs services pour une bouchée de pain aux exploitants du village. La plupart du temps, ma mère Winona gardait les troupeaux de lambelles, ces animaux placides apprèciés aussi bien pour leur chair que pour leur lait. Mon père faisait lui divers travaux de force en fonction de la saison... Ils étaient bien souvent loin l'un de l'autre, et quand ils avaient la chance de se retrouver pendant quelques jours ensemble, ils étaient trop épuisés par leur travail pour penser à l'avenir... Cela explique certainement pourquoi ils mirent au monde leur premier enfant tardivement, vers 35 ans.

Mon ouïe particulièrement développée m'a permis de surprendre à plusieurs reprises des conversations de villageois relatant ma naissance. C'est un beau soir de printemps dans la "maison" familiale, une sorte de hutte à peine renforcée par quelques planches. Alors que mon père attendait nerveusement à l'extérieur comme le veut la coutume, des voisines étaient venues assister ma mère. Si Winona n'avait aucune préférence, mon père espérait en secret un jeune homme fort qui pourrait rapidement l'aider dans son labeur, et ainsi améliorer un petit peu leur existence déjà difficile. Quand la voisine sortit la tête basse, et annonça dans un murmure "c'est un garçon", mon père poussa un cri de joie à réveiller tout le village, et se précipita à l'intérieur. Cette joie fut de courte durée quand il me découvrit. Les deux femmes restées auprès de ma mère eurent beau lui dire que ça pourrait s'arranger avec le temps, il ne pouvait détacher les yeux horrifiés de ce "bébé" malformé d'à peine un kilo.

Nos voisines s'étaient trompées. Le temps est passé, et je suis toujours resté petit et frêle. Ce que tout le monde avait pris pour des déformations se révélaient en fait être mes seuls atoûts physiques... Ces oreilles disproportionnées me permettaient d'entendre le moindre chuchottement, mon odorat était aussi fin que celui des chiens, et mes jambes me permettaient de courir plus vite qu'aucun autre enfant ou même adulte du village. A la grande déception de mon père, cela n'était toutefois pas très utile pour ses tâches, et je passais donc la plupart du temps avec ma mère au milieu des lambelles. J'avais très peu de contacts avec les autres habitants du village, qui avaient tendance à m'éviter à cause de ma différence. Mon activité se limitait bien souvent à l'observation de la nature et de ses habitants.

Mon père est mort alors que j'avais 9 ans. Il s'est littéralement tué à la tâche pour nous nourrir tous les trois. C'était un homme bon, qui nous aimait sincèrement, même si je n'ai jamais pu lui apporter ce qu'il espérait. Après sa mort, tout est devenu plus difficile. Ma mère n'arrivait plus à subvenir seule à nos besoins. J'étais donc obligé de trouver du travail pour l'aider. Avec mes capacités , j'ai facilement trouvé ma voie : ma connaissance des animaux et mes sens développés me permettaient de dénicher la moindre proie très facilement. Il me suffisait ensuite de la contourner rapidement puis de la rabattre vers les chasseurs qui n'avaient plus qu'à attendre son pasage pour faire leur office. Je détestais ce travail. j'avais l'impression de trahir les seuls être vivants qui m'avaient accepté jusque là, en dehors de mes parents. Mais cette activité me permettait de me lier avec les villageois, du moins est-ce ce que je croyais...

Les chasseurs étaient tellement contents de mon travail qu'ils se battaient pour m'avoir à leurs côtés. Ils me congratulaient, me flattaient, me faisaient des compliments, bref me caressaient dans le sens du poil pour me mettre dans leur poche. Je les entendais bien se moquer de moi dès que j'avais le dos tourné et que j'étais suffisamment loin pour qu'ils me pensent hors de portée de leurs propos. Mais j'ignorais ces paroles blessantes, me persuadant que j'avais mal compris, trop heureux d'être l'attention de tous. Ce fut de courte durée...

A 11 ans, alors que je me reposais sous un arbre sur la place du village après une chasse, des enfants m'ont approché pour me proposer de jouer avec eux, probablement poussés à celà par leur père qui nous regardait au loin. Leurs jeux étaient plutôt simples, ils consistaient à endosser le rôle d'un grand immortel. Ils se jetaient des défis en faisant combattre de petits animaux, généralement des fourmis qu'ils avaient énervées en les enfumant. Alors que les autres choisissaient les fourmis les plus grosses, les plus impressionnantes, je portais mon choix sur deux specimens que je savais être des gardiennes et deux autres plus fines mais très vives. Les autres enfants, découvrant mon choix, se mirent à pouffer. Il lancèrent des fourmis à l'attaque "Je suis Berber, le barbare le plus craint de ces terres, tu vas mourir !". Leur sourire fut de courte durée alors que mes fourmis démembraient les leurs une à une. De rage, ils écrasèrent les survivantes et me jetaient un regard noir. "Tu as eu de la chance, vermine, on t'écrasera la prochaine fois ! Tu n'est qu'un des chiens de mon père, tu devrais nous lécher les bottes ! On aime pas les rats, ici retourne dans ton tas de fumier ! Même Silmarillon la guerrisseuse ne voudrait pas de toi dans ses troupes !". Leur père qui avait suivi nos échanges de loin arrivait en courant, mais trop tard... Effrayé par tant de haine, je reculais en trébuchant, jusqu'à tomber en arrière à plusieurs mètres d'eux. Je me relevais, tremblant, et sans demander mon reste courais vers la forêt les larmes aux yeux, poursuivi par leurs cris... "couïc couïc couïc... Sale rat ! Chien galleux ! Reste dans ton taudis !".

Pendant deux jours je restais seul dans la forêt, fuyant les humains dès que je les entendais approcher. Je ne pouvais même plus me consoler avec les animaux sauvages, qui m'évitaient dorénavant comme la peste... A la tombée de la nuit le deuxième soir, je finis par rentrer chez moi, et trouvais ma mère épuisée, assise devant la maison. Elle me prit dans ses bras, les larmes aux yeux : "Eusèbe, tu es vivant ? Te rends-tu compte de ce que tu m'as fait en partant comme ça ? Que s'est-il passé ? Ils sont venus se plaindre que tu avais maltraité leurs enfants ? Qu'as-tu fait ?". N'en supportant pas plus, je lui relatais ce qui s'était passé jusqu'à ma fuite dans la forêt. Quand je lui dis qu'ils m'avaient traité de rat, je surpris un sourire sur ses lèvres. "Viens, rentrons, j'ai moi aussi une histoire à te raconter" me dit-elle une fois le récit terminé. Et elle me conta alors l'histoire de nos ancêtres. "N'as tu jamais remarqué que mon teint n'est pas le même que celui des autres ?" Trop obsédé par ma différence, je n'avais pas remarqué la sienne... maintenant qu'elle en parlait, il devenait évident que sa peau brune tranchait avec la blancheur des hommes du nord qui nous entouraient. "Nous ne sommes pas d'ici, Nous venons d'une autre tribu, par delà les mers, bien plus au sud... C'est ton arrière-grand-mère Chumani qui est arrivée la première sur ces terres. D'après ce qu'elle m'a raconté, notre tribu vivait en paix avec la nature et avec les esprits. Quand l'Homme a découvert le secret de l'immortalité, la folie s'est emparée du monde. Les créatures extraordinaires qui nous entouraient furent traquées, emprisonnées, parfois détruites pour assouvir la soif de puissance des hommes. Notre tribu, qui tentait par tous les moyens de les défendre, s'est alors attirée nombre d'ennemis. Nanabozo, l'esprit qui veillait sur notre peuple est alors apparu à Chumani et lui a demandé d'abandonner son village, de fuir le plus loin possible vers le levant. Pour ne pas la laisser seule, Nanabozo lui fit un don précieux, une partie de lui, qui l'a accompagnée dans son périple. Nous sommes ses descendants, et l'esprit de Nanabozo est particulièrement développé chez toi. C'est pour cela qu'ils t'ont pris pour un rat, mais ils se sont trompés." "Pourquoi se sont-ils trompés ? Quel est le rapport avec Nanabozo ?" Un sourire s'est alors dessiné sur les lèvres de ma mère. "Parce que Nanabozo était un esprit malin, qui aimait à prendre la forme d'un lapin pour rendre visite aux hommes..."

Après cet incident, je n'ai plus mis les pieds au village : j'essayais d'éviter au maximum les autres habitants. Ma mère ne m'a plus demandé de participer à la chasse, et elle a abandonné son travail de bergère. Nous vivions des plantes et des racines que je ramenais de la forêt. J'avais repris mon observation attentive de la nature, et renouais petit à petit avec les habitants de la forêt. Ce fut la plus belle période de ma vie, la seule ombre au tableau était le vide laissé par l'absence de mon père. Alors que je venais de fêter mes 16 printemps, Winona est tombée malade, et fut emportée rapidement malgré les soins que j'essayais de lui prodiguer. J'étais alors loin d'être un guerisseur - j'en suis à peine plus proche - mais personne d'autre n'a daigné nous aider. Je lui rendis alors un dernier hommage comme l'auraient fait nos ancêtres, puis, armé de son baton de bergère et de quelques vivres, je quittais enfin ce village et partais à la découverte du monde...

Je ne revis jamais ces terres qui m'ont vu naître et grandir.
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