[concours] Cyr - un nouveau départ

Cyr marchait d'un pas vif, torturé, dans une ruelle humide et sombre, essuyant machinalement sa longue rapière tachée d'un sang rouge vif. Aucune trace de joie ne perçait ses yeux noirs malgré son inéluctable victoire.
En effet, le guerrier solitaire venait juste de massacrer un jeune imprudent pourtant fort habile devant une troupe de badauds curieux et enchantés du combat. Lorsque Cyr avait décapité son adversaire, la foule avait applaudi la virtuosité et l'habileté du vainqueur, qui n'avait triomphé qu'au bout d'un combat acharné.
Mais pas l'ombre d'un sourire n'avait parcouru le visage dure de l'homme qui s'était éclipsé par une ruelle adjacente à la grand-rue pour échapper au tumulte et réfléchir. Son esprit était en ébullition. Tout en nettoyant son arme fétiche, Cyr avançait à grand pas sans se soucier de la direction qu'il prenait, trop occupé par ses réflexions.
Auparavant, ça ne se serait pas passer comme cela. A chaque meurtre, le guerrier laissait échapper des rugissements de joie, se pavanait dans la foule en délire, profitait de sa supériorité pour déclencher des bagarres dans les tavernes ou malmener des jouvencelles dans les rues obscures, voire torturer pour le plaisir de simples villageois ; bref, Cyr jouissait de sa vie de brute sanguinaire.
Mais cela avait changé, il n'avait même pas provoqué l'homme qu'il venait de tuer, il s'était contenté de l'occire froidement sans trahir aucune émotion. Plus rien ne le faisait réagir, rien ne pouvait le rendre heureux, il errait sans fin dans la pénombre de son existence.
Soudain écrasé sous le poids de sa déprime et de son incapacité à faire changer les choses, il s'écroula et se mit à pleurer, les larmes ruisselant sur ses joues froides et tombant sans bruit sur des touffes d'herbes humides qui commençaient à coloniser le bas des murs des maisons. Lui, le féroce mercenaire qui n'avait plus laisser échapper un sanglot depuis sa plus tendre enfance pleurait comme un môme, comble du déshonneur.
A genoux, la tête dans ses bras, Cyr représentait désormais tout ce qu'il détestait, le miséreux qui inspirait la pitié. En regardant le sol, le guerrier distingua le reflet de la Lune dans une de ses larmes échouée par terre. Mais non, la lumière qui se reflétait ne pouvait être celle de la pleine Lune, elle était trop puissante. Cyr leva la tête et fut ébloui par une lumière intense.
Une sorte de nouveau monde illuminait le ciel auparavant d'une noirceur totale. La lumière qui illuminait le visage froid de Cyr lui redonna du courage et son cœur se mit à battre la chamade comme lorsqu'il est en plein combat. Cyr se releva de toute sa hauteur et regarda droit dans les yeux cette fantastique lumière, bras étendue, offrant son corps d'athlète si séduisant et si robuste à ce nouveau monde qui sonnait comme un nouvel espoir à ses oreilles. Au milieu de cet océan de lumière, Cyr distingua deux formes humaines.
« Bienvenue dans le monde de genesis, Cyr » résonna la voie profonde de Chaos.
« Tu pourras tout recommencer à zéro maintenant » ajouta la mélodieuse voix de Silmarillion, reine de genesis.
Un sourire, le premier depuis des semaines, apparut sur le visage de Cyr : il avait trouvé une nouvelle voie, les affaires reprennaient.